!-- Messenger Plugin de discussion Code -->
Biennale de Lyon
" Un monde d'une promesse infinie"
14 septembre - 31 décembre 2022
J'écris ces lignes plus d'un mois après avoir vu cet événement lors des journées professionnelles ou une ambiance particulière se crée en découvrant ce nouveau cru de l'année. Les émotions sont retombées. Elles errent dans mon esprit. Des brides d'images, des sensations et des ambiances me déstabilisent.
Manifeste de la fragilité. Le titre m'a séduit au prime abord. Sensible au sujet puisque la fragilité est un de mes thèmes de travail.
La Biennale est une déambulation sur trois lieux principaux le MAC, les usines Fagor et le Musée Guimet et des lieux satellites dans Lyon et sa Région que je n'ai pas pris le temps de visiter encore.
Durant toute ma visite je suis happée par des émotions tenaces qui s'accrochent à mon ombre et me suivent. Je suis venue à la rencontre d'oeuvres et ce sont elles qui me prennent.
Je ne ressors pas indemne, même à posteriori.
La fragilité est immersive.
Elle se ressent dès l'entrée dans ces lieux. Fagor où la présence artistique y est éphémère aujourd'hui, nous renvoie à la fragilité de la présence de l'Art et des Artistes dans les préoccupations des élus et des politiques.
Que serait la vie sans Art? Que serait la cité sans ses créateurs ?
Fagor c'est immense et malgré la quantité de propositions, j'ai la sensation de vide. Un lieu vidé.
Je me sens vidée, et fatiguée aussi, car c'est mon dernier lieu de la journée. Mon moral en a pris un coup à ce moment-là. Quelles noirceurs habitent les âmes créatives de cette jeunesse chérie de la sélection.
J'ai besoin de vérifier sur le programme, il est écrit " Un monde d'une promesse infinie" . Titre de tous les lieux, excepté pour les deux expositions du MAC, où j'y vois de la lumière et de l'optimisme malgré tout... Suis-je dans un monde parallèle de science-fiction ?
Ce monde de sciences fiction qui nous habitait comme phantasmes d'avant l'an 2000, et qui faisait rêver, est devenu le phantasme cauchemardesque aujourd'hui.
Où est le rêve et le désir d'un monde heureux de la jeunesse ?
Je me sens pessimiste sur la vision apocalyptique déprimante de la nouvelle génération d'artistes d'État. C'est comme cela que j'appelle les artistes subventionnés. C'est une définition pas une critique.
Je retiendrais de ce lieu "un monde recouvert de cendres", œuvre du Belge, Hans Hop de Beek. Un des hangars de Fagor est intégralement dédié à cette œuvre.
Un monde en gris neutre m'enveloppe. Gris neutre car mi-noir, mi-blanc. La lumière conserve cette valeur neutre. La mise en scène est parfaite. C'est lissé. Vous êtes acteur de cette scène de cinéma. J'ai le réflexe de regarder ma manche pour vérifier si je n'étais pas recouverte de cette cendre grise aussi. Immersif. Les images du monde de mon enfance sont là, devant moi, figées dans la cendre. Une grande nature morte et mélancolique, d'un monde abandonné. La nostalgie me prend, mon esprit vagabonde dans mes souvenirs en couleurs : je vois ces objets vivants et frais, des rires, la vie.
Et une une tristesse grise s'empare de moi .
Un autre travail me séduit pour le côté plastique et onirique. De plus j'apprécie l'œuvre de cette artiste depuis que je l'ai découverte il y a un bon moment déjà, Sylvie Selig.
J'aime son travail, il fait écho à celui de Paula Rego que j'affectionne particulièrement. Soyez curieux aller découvrir. Les mondes merveilleux des fables cruelles ...
Je dois bien vous avouer que j'ai été surprise de la voir dans ce monde officiel de l'Art Contemporain. Les portes s'ouvriraient-elles à ceux qui ne sont pas du sérail? Ou bien à 80 ans ... Mes questions restent sans réponses.
Elle nous propose une fresque merveilleuse et terrifiante, de 50m, Starless, qui est un conte à lire. Une série de personnages comme des portraits de créatures étranges hantent le centre de l'espace : les membres de sa famille bizarre. Des tableaux peints et brodés sur les murs. Le sujet est non négociable.
Cette artiste est là et c'est tant mieux.
Cette artiste nous parle, allons l'écouter.
Fagor c'est une foison d'œuvres à voir et d'artistes à découvrir. Je vais continuer pour ce lieu en images.
La fragilité du lieu et de l'environnement.
Guimet a été choisi pour cette partie d' Un monde d'une promesse infinie. J'avais la curiosité de voir ce lieu que j'avais croisé rapidement il y a nombreuses années. Lieu expérimental pour les propositions artistiques et lieu hanté par son histoire. Cette ambivalence est palpable et me laisse un sentiment d'angoisse stressante.
Je mettrai des images à cet article. Je n'arrive pas à dégager des propositions ou des artistes. Juste des images apocalyptiques qui renvoient un profond malaise. Les visages dubitatifs et mal à l'aise dans un silence glacial me renvoie à mon ressenti.
Je ne veux pas de cette promesse infinie.
Je retiendrais cependant le beau récit animé et merveilleusement bien dessiné.
La fragilité de nos acquis au MAC.
Deux expositions qui auraient pu exister à elles seules hors du cadre de cette 16eme Biennale.
D'où mon impression que ce lieu prestigieux de Lyon est détaché du reste.
Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet.
Une exposition en forme de parcours structuré, riche, hétéroclite comme un cabinet de curiosités.
Elle nous fait découvrir des oeuvres remisées des musées lyonnais et qui trouvent là une présence en miroir pour servir le propos. Cela tombe juste.
C'est une histoire à suivre celle de Louise Brunet. Je ne vais pas vous la raconter, il faut y aller.
La scénographie est intimiste et on a plaisir à y rester. Le point de départ une lettre manuscrite de 1840, les Soyeux de Lyon, une époque et des vies, des voyages, le Liban. La fragilité de ce qui reste d'une histoire. La fragilité du souvenir, des vérités à travers les attentes, les travaux, les désirs, les corps, les représentations et les histoires qui en résultent. J'oublie le temps.
Dans cette exposition je retrouve tout ce que j'aime dans une exposition. Emmener le spectateur dans un voyage. On ne se pose même pas la question de se dire j'aime ou j'aime pas. Juste se dire j'y étais et j'y étais bien.
Beyrouth et les Golden Sixties
Cette exposition nous renvoie à la fragilité de l'époque des Sixties et du monde insouciant de la jeunesse libanaise. Une exposition qui ne laissera pas indifférent. Une compilation des images qui ont habité ma jeunesse, vous les reconnaîtrez. J'étais jeune et l'exposition me montre les coulisses d'une réalité que je n'avais pas saisie dans mes cours d'histoire. Juste effleurée à travers mes rencontres estudiantines avec des libanais qui me parlaient dans les années 80 de leur pays. La sortie se fait par l'escalier où nous avons une chronologie par année des évènements qui ont conduit ce monde moderne et joyeux au Liban d'aujourd'hui...
Visitez la 16 ème Biennale de Lyon !
Lyon a Sa Biennale d'Art Contemporain et la Ville se positionne ainsi comme scène majeure sur le marché mondial. C'est une fierté que nous devons collectivement avoir à l'esprit. La ville renforce son image à l'international et notre économie récolte les fruits de cet événement.
Je sais que l'Art Contemporain divise les amateurs d'art plus qu'il ne les réunit. Cette édition est accessible au plus grand nombre, c'est mon avis. Pour répondre à certains qui me questionnent "si cela vaut le coup", je vous invite à aller visiter, à minima, le MAC Lyon.
Rencontrer une œuvre d'art c'est accepter de lire le propos d'un artiste. Même si je suis inquiète de la promesse, que nous montre de ce monde cette jeunesse artistique, je préfère la voir dans une Biennale qu'aux informations en boucle que nous propose et nous manipule la télévision. Une promesse commence avec un rêve.
Où est " Le monde d'une promesse infinie" de nos 20 ans ?
29/10/22 @BAM
Rédigé par
BRIGITTE MORILLON
©1999-2022 BAM - B M Créations | Brigitte Morillon | By Morillon | Mentions légales | CGV | Cookies | Tous les contenus dans ce site sont la propriété exclusive de l'auteur. Toute reproduction totale ou partielle est interdite.Société d’auteurs : SAIF 7052